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Publié le 26 juillet 2021

Innovation d’Enedis en Normandie : Malaunay, le Petit Poucet de l’autoconsommation

Comment, grâce à une collaboration exemplaire entre une municipalité innovante et Enedis, la ville normande est devenue un laboratoire de l’autoconsommation collective

Sur la place de la mairie, la Smartflower déploie ses douze pétales photovoltaïques au soleil : tout un symbole pour Malaunay, dont une partie de la consommation électrique est aujourd’hui assurée par le solaire. Située à la pointe nord de la Métropole Rouen Normandie, cette ville de 6160 habitants est la pionnière, en France, de l’autoconsommation collective. Les toitures de dix bâtiments ont été équipées de 1600 mètres carrés de tuiles et de panneaux photovoltaïques : piscine, écoles, centre socioculturel, boulodrome, ateliers municipaux, église… Tout cela couvre 30 % des besoins en électricité des installations et locaux de la municipalité, y compris son parc de voitures électriques. Malaunay a produit 200 670 kilowattheures en 2019.
Maire depuis 2012, Guillaume Coutey a porté le projet avec une équipe très motivée (la commune a obtenu, entre autres, le label Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte en 2015). Il explique : « La ville a été un laboratoire de l’autoconsommation collective. Sur les dix premières conventions qu’Enedis a signées à l’échelle nationale, trois l’ont été à Malaunay en 2018. Concrètement, le gestionnaire public du réseau d’électricité a testé chez nous comment il allait adapter ses métiers aux enjeux techniques de l’autoconsommation ». Enedis en Normandie et Malaunay sont devenus des références en la matière.
« On a appris avec eux », confirme Yoann Mourier, Délégué territorial d’Enedis, il a été au cœur du dossier. « Il a fallu comprendre le dispositif et mettre au point tout un accompagnement pédagogique qui a évolué dans le temps et évolue encore. » Les trois conventions signées par Malaunay ne permettaient pas de “mailler” toute la commune.
Les bâtiments alimentés par un point de production avaient l’obligation de dépendre du même transformateur de quartier. « Les tuiles photovoltaïques de l’église ne pouvaient pas alimenter la mairie située à trois cents mètres », constate le maire Guillaume Coutey. Heureusement, l’arrêté du 21 novembre 2019 a autorisé le maillage des installations dès lors qu’elles se situent toutes à l’intérieur d’une zone de deux kilomètres de diamètre. C’est l’autoconsommation collective “étendue” avec, à la clé, une nouvelle convention que Malaunay – la première en France – a signée avec Enedis le 11 décembre 2019.

Des investissements compensés par les économies réalisées

« Linky est la brique essentielle d’une telle opération, souligne Yoann Mourier. L’idée est de répartir les kilowattheures produits localement entre des bâtiments consommateurs sélectionnés. Pour pouvoir réaliser ce partage, il faut mesurer ce qui est injecté et ce qui est consommé, quasiment en temps réel, sur des pas de temps de 30 minutes. On doit donc disposer d’un compteur Linky qui puisse enregistrer les courbes de charge et les communiquer ». Dès lors, il devient possible de soustraire les kilowattheures locaux de la facture électrique finale des bâtiments consommateurs. L’équipement en panneaux photovoltaïques a coûté 800 000 euros, mais il sera vite compensé par les économies réalisées. « Il y a un delta de 200 000 euros par an entre notre situation aujourd’hui et ce qu’elle serait si nous n’avions rien fait », affirme le maire Guillaume Coutey. Sans l’autoconsommation et sans une vraie politique d’économies d’énergie, la commune débourserait plus de 400 000 euros par an.
« Le coût de l’inaction, observe le maire… En fait, Malaunay démontre que ce qui est bon pour la transition écologique peut l’être aussi pour le porte-monnaie. Je ne peux qu’engager mes homologues à se lancer dans l’aventure ! ».

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