La communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans va profiter en pleine journée d’électricité facturée au tarif nuit. Ce projet doublement “vert” associe agriculture biologique et énergies renouvelables, au bénéfice d’un territoire rural.
Qui dit Sud-Ouest pense soleil et rugby. Enedis marie les deux, avec Solvéo Énergie et France Ginseng, cette dernière étant présidée par l’exinternational Yannick Jauzion. Solvéo Énergie, spécialiste des énergies renouvelables, développe, construit et exploite des centrales photovoltaïques. France Ginseng, producteur bio, est l’un de ses partenaires. Sylvain Latapie, son directeur général, explique comment a germé ce partenariat : « Nous sommes les seuls producteurs de ginseng bio en Europe, avec lequel nous fabriquons des compléments alimentaires vendus en pharmacie. Nous devons protéger nos cultures du soleil et des intempéries : cette plante d’ombre n’aime pas l’humidité, source de maladies. Les Chinois utilisent des filets occultants ; nous avons des ombrières, plus performantes, dotées de panneaux photovoltaïques. » Une synergie née de dix ans de collaboration avec des enseignants-chercheurs, dans une entreprise à forte dimension environnementale.
Une première installation de 4,3 mégawatts de puissance sur les ombrières de France Ginseng, à Seysses, a été suivie d’une autre de 8,7 mégawatts, à Rion-desLandes. Cet automne, une centrale de 1,5 mégawatt voit le jour à Sorde-l’Abbaye en partenariat avec Terra Énergies, fonds d’investissement régional de Nouvelle-Aquitaine : elle est au cœur du projet Nova Solaire.
L’électricité alimentera une partie de la communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans. Yannick Bassier, directeur général des services de la communauté, explique l’intérêt du dispositif : « Notre territoire est rural, avec 24 communes et 24 000 habitants, sans centre urbain. Enedis nous a proposé ce partenariat dans le cadre du Plan climat-air-énergie territorial. Nous associons ainsi développement durable et économies d’énergie. » Enedis joue ici son rôle d’acteur local, œuvrant en mode projet sur un système potentiellement industrialisable.
Une opération en phase avec la réalité de la région : il n’y avait pas de production photovoltaïque dans les Landes avant 2010. En 2020, le département est devenu le deuxième de France en termes de production photovoltaïque. La cible, dans le cadre du schéma régional, est l’autonomie en 2030 – cela revient à passer de 1 à 100 % en 20 ans.
Décaler la consommation de nuit
C’est la tempête Klaus de 2009, en ravageant la forêt, qui a décidé de ce basculement en privant les communes de leur source de revenu. Les fermes solaires occupent des terrains communaux qui n’ont pas été reboisés, loués par les porteurs de projets. Mais au Pays d’Orthe et Arrigans, zone rurale, le photovoltaïque représente une contrainte de réseau, avec une production excédentaire durant une centaine d’heures par an. Il faudrait investir des centaines de milliers d’euros pour renforcer l’infrastructure du réseau électrique.
Une autre logique s’impose : privilégier les heures creuses solaires, et profiter des compteurs communicants Linky pour décaler la consommation de nuit. Dans les 300 foyers concernés par le dispositif Nova Solaire, sur les communes toutes proches de la centrale de Sordes-l’Abbaye, le tarif “heures creuses solaires” s’enclenche automatiquement lors du pic de production, en pleine journée. C’est à ce moment qu’ils peuvent utiliser l’énergie photovoltaïque, par exemple en enclenchant leur ballon d’eau chaude. Une nouvelle génération d’heures creuses, pour consommer une électricité verte en circuit court.
