Réseaux d’Avenir a rencontré dernièrement Célia de Lavergne, députée de la 3ème circonscription de la Drôme, membre de la commission des Affaires économiques. Rapporteure du volet « Se nourrir » du projet de loi Climat et résilience, en cours d’examen, et fortement mobilisée sur les enjeux de la transition énergétique, elle a accepté de répondre à nos questions, malgré un agenda très contraint, sur le rôle des réseaux d’énergie et sur son expérience d’élue de terrain, dans sa collaboration avec Enedis.
Enedis : Vous êtes engagée depuis 2017 en tant que parlementaire dans de nombreux débats sur les sujets touchant à l’énergie. Quelles devraient être selon vous les priorités pour favoriser la transition énergétique du point de vue du réseau de distribution électrique ?
Célia de Lavergne : Enedis, comme d’autres acteurs, est aujourd’hui confrontée à de nombreux changements tels que la production d’énergie délocalisée ou la volonté, de la part des citoyens, d’une consommation également délocalisée de l’énergie. Elle doit aussi jouer pleinement son rôle assurantiel du réseau : elle est ainsi une véritable colonne vertébrale pour les territoires.
Le réseau est par ailleurs déterminant face aux changements climatiques, pour la gestion des périodes de crises comme les épisodes climatiques intenses qui se multiplient. Ces événements nécessitent une grande capacité d’adaptation à travers l’enfouissement des lignes électriques mais aussi une capacité d’intervention rapide des équipes techniques. Cette capacité d’intervention s’est fortement accélérée suite à la tempête de 1999 et illustre ainsi la force de ce service public.
Enedis : Enedis a fait connaître en 2020 son « projet industriel et humain » et son ambition de devenir le service public préféré des français au service de la transition écologique. Y figurent notamment 8 engagements publics, quels sont ceux qui retiennent le plus votre attention ?
Concrètement, Enedis prend 8 engagements à horizon 2025 :
– Viser zéro accident grave ou mortel pour ses équipes et ses prestataires.
– Diviser par deux le délai de raccordement des clients d’ici à 2022.
– Réduire son empreinte carbone de 20% en 2025 et atteindre la neutralité carbone en 2050.
– Rétablir 90% des clients en 2 jours en cas d’incident climatique majeur sur le réseau.
– Avoir l’un des meilleurs rapports qualité prix en Europe.
– Atteindre 70% d’indice d’engagement de ses salariés en 2024 (vs 58% en 2019).
– Permettre, à 100% des clients de suivre leur consommation, grâce au compteur communicant, et de bénéficier d’une offre innovante de leur fournisseur.
– Créer 20 activités nouvelles (communautés énergétiques, solutions de mobilité électrique, services de données, …) dans le cadre de projets et ou de partenariats.
Célia de Lavergne : Ces 8 engagements sont très complets. Nous y retrouvons aussi bien des éléments relatifs aux délais de raccordement que les délais de réparations auxquels sont très attachés les citoyens et les clients d’Enedis. Ces 8 engagements prennent également en compte les enjeux auxquels nous sommes confrontés en termes de transition numérique, de transition écologique avec la réduction de l’empreinte carbone ou la gestion des données à grande échelle grâce aux compteurs communicants. Ces engagements répondent à mon sens aux enjeux qui s’imposeront à Enedis au cours des prochaines années.
Enedis : Vous êtes élue d’une circonscription très étendue et montagneuse, vous avez vécu la tempête de neige de novembre 2019 qui a eu des conséquences importantes pour ses habitants. Quels enseignements en tirez-vous pour la résilience des réseaux en général et pour vos relations avec Enedis en particulier ?
Célia de Lavergne : Cela a été pour moi une vraie rencontre et un vrai partage. D’abord parce que chacun a appris à comprendre les contraintes de l’autre : les élus avec les maires et moi-même, mobilisés ensemble sur les interrogations relatives à cet incident de grande ampleur, et les difficultés à rétablir le courant coupé pendant près de 10 jours en période de froid.
Ce qui est intéressant, c’est que nous avons pu à la fois comprendre les contraintes d’Enedis dans un contexte plus difficile que la tempête de 1999 et apporter des explications et des éléments de réponse aux habitants et aux maires de la zone concernée. Suite à cet épisode et grâce à ce dialogue avec Enedis, j’ai pu défendre la nécessité d’augmenter la part d’enfouissement des lignes dans la Drôme et obtenir des financements en ce sens.
Je trouve cette expérience très positive car Enedis est entrée dans une logique de retour d’expertise, d’analyse et d’amélioration de la relation avec les maires qui n’étaient pas toujours consultés. Il est vrai que les élus locaux connaissent très bien leur territoire et peuvent guider les techniciens dépêchés sur le secteur pour une intervention.
Cette expertise nous a permis de progresser ensemble tant sur les aspects pratiques que sur les enjeux macro-économiques de financement des réseaux. C’est aujourd’hui une relation de confiance que nous avons.