Comment rendre le système électrique plus flexible avec l’intégration des énergies renouvelables ? Au-delà des effacements de consommation (ou réduction concertée de la consommation de certains acteurs), l’écrêtement de la production électrique, à savoir l’interruption temporaire de la production d’un site d’énergie renouvelable, a également fait ses preuves ces dernières années pour mieux équilibrer le réseau. Mais pour la première fois en France, ces modes de régulation ont été expérimentés sur des sources de production ou de consommation électrique plus inattendues et très présentes dans les communes rurales : les installations de méthanisation et les réseaux d’eau (châteaux d’eau, canaux d’irrigation et stations de traitement des eaux usées). Des concepts innovants expérimentés depuis 2017 par Enedis dans le cadre du projet Smart Occitania, en partenariat avec l’université de Perpignan, l’Institut de recherche en informatique de Toulouse, la Région Occitanie et les entreprises Actia et Cahors.
La flexibilité fait gagner du temps et de l’argent
« L’idée est de montrer que l’on peut aussi optimiser localement le système électrique en milieu rural », explique Isabel Garcia Burrel, chef de projet Smart Occitania chez Enedis. « Dans une configuration classique, un bourg par exemple de 5 maisons consommant chacune 10 KW requiert un poste de distribution de 50KW. Si une des maisons décide de couvrir de panneaux solaires la toiture de son hangar agricole, la puissance des panneaux peut atteindre typiquement les 100kW lorsque, à midi, le soleil est au plus haut. Pour éviter d’engorger le réseau, il faudrait donc installer un poste de distribution adapté. Cela demande des investissements et du temps. Or, en régulant d’autres installations, comme les sites de méthanisation et les pompes à eau très présents en milieu rural, il est possible, lors de ces pics de production, d’optimiser l’utilisation du réseau ». L’intérêt pour les collectivités est ainsi de pouvoir installer des panneaux photovoltaïques sur leur territoire sans attendre la construction de nouveaux équipements de distribution.
La garantie de décisions partagées
Dans ce schéma, la gestion et le contrôle à distance de la production des méthaniseurs et des pompes à eau sont automatisés grâce à la modélisation du réseau (smart grid). « Mais nous avons élaboré un protocole d’échange avec les 12 sites du projet Smart Occitania afin de garantir une décision partagée. Au final, ce sont toujours les producteurs qui gardent la main », précise Isabel Garcia Burrel. Reste désormais à instaurer un cadre juridique permettant d’établir des contrats précis avec des compensations clairement définies lors de l’activation de ces mécanismes de flexibilités.