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Publié le 12 novembre 2021

Regards croisés de Damien Pichereau et Sebastien Jumel : Un grand foisonnement d’innovations va nourrir la transition écologique

Les idées ne manquent pas pour innover en matière énergétique. Reste à consolider les conditions de leur réalisation et accompagner les nouveaux acteurs ou méthodes qui émergent. Regards croisés de Sébastien Jumel, Directeur Développement, Innovation et Numérique à Enedis et Damien Pichereau, député de la Sarthe, Vice-Président de la Commission Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire et auteur du rapport parlementaire «­ Soutien à l’innovation dans le domaine du véhicule automatisé » présenté au gouvernement le 5 octobre 2021.

La transition écologique passera par des investissements, des changements de nos modes de vie mais aussi des innovations. Dans quelles directions s’orienteront ces dernières ?

Damien Pichereau :

Je ne crois pas à la décroissance mais plutôt à l’innovation. Sur notre territoire, l’électrification du parc automobile avance bien même si l’installation de bornes de recharges privées et publiques n’est pas encore suffisamment efficiente au vu de l’augmentation du nombre de véhicules électrique par habitant dans le département. Nous misons beaucoup sur le déploiement d’ombrières photovoltaïques sur les parkings privés comme publics. Le département de la Sarthe a une politique très volontaire en la matière avec un grand plan d’investissement. Nous travaillons également à la mise en place de batteries pour les groupes électrogènes à usage domestique ou industriel principalement qui dépensent beaucoup d’énergie et émettent de grandes quantités de C02. En cas de coupure de courant dans un hôpital les groupes électrogènes avec batteries peuvent être une solution de substitution pertinente. Enfin, en termes de mobilité électrique, nous devons tous changer nos habitudes et nos modes de pensée en prenant par exemple l’habitude de recharger nos véhicules dès que l’occasion s’en présente. Nous avons donc besoin de bornes de recharge qui peuvent être aussi mobiles pour des événements comme les 24h du Mans. Si pour l’heure nous n’avons pas connaissance de future installation de bornes sur cet évènement notamment, ce type de solution peut être intéressant.

Sébastien Jumel :

Il existe un foisonnement d’innovations qui va nourrir cette transition écologique. Et quasiment toutes vont concerner l’adaptation des réseaux au nouveau contexte énergétique avec notamment l’injection massive d’énergies renouvelables, le développement de l’intelligence du système électrique et de son observabilité via les objets connectés. Sur ce dernier point, les progrès de l’intelligence artificielle vont activement y participer et accélérer le mouvement. La production massive d’ENR à des mailles locales avec des contraintes nouvelles du point de vue de la gestion du réseau va également nécessiter de l’innovation en matière de gestion prévisionnelle et de conduite de nouvelles flexibilités. La mobilité électrique va connaitre un essor très rapide et ceci induit aussi de gros enjeux pour le réseau. Le VtoG (véhicule to grid) par exemple, cette technologie qui permet d’injecter de l’énergie vers le réseau électrique à partir de la batterie d’une voiture électrique, peut être source de nouvelles innovations. Enfin, avec le numérique et l’exploitation des données, il est possible de proposer de nouveaux services. Enedis met à disposition de nombreux jeux de données en open data sur son site Internet ainsi que des datavisualisations, très utiles pour « faire parler » ces données énergie au bénéfice de tous et de la transition écologique. L’Agence ORE, qui regroupe tous les distributeurs électricité et gaz, vient de répertorier plus de 400 datavisualisations, réalisées par près de 100 acteurs : ces outils sont accessibles depuis son nouveau site.

Quelles initiatives sont à prendre pour créer les conditions de ces innovations en France ?

D.P. :

Il est indispensable de maintenir le Crédit Impôt Recherche qui a largement contribué à soutenir l’innovation des entreprises dans ce pays, au-delà de la recherche fondamentale dans les universités. Les appels à projets autour du Grand défi de l’IA ainsi que le Plan d’investissement dans l’avenir vont dans le même sens et doivent être prolongés.

S.J. :

Le cadre est favorable à l’innovation en France, les idées ne manquent pas. Enedis porte plus de 200 projets innovants.L’important est de prioriser pour industrialiser ces idées.

Quels nouveaux acteurs ou écosystèmes devrait-on voir émerger demain ? 

D.P. :

Il y a beaucoup d’acteurs dans la donnée à commencer par les géants du numérique comme Google, Baiku, etc… Ils sont très actifs cherchant à se diversifier avec la donnée. La question centrale est justement la protection des données de nos concitoyens. La constitution d’un cloud européen, via le projet Gaïa X, est une des réponses à cette problématique. L’Europe doit être au rendez-vous pour soutenir l’innovation R&D certes mais aussi son industrialisation.

S.J. :

L’open innovation s’est imposée aujourd’hui avec des écosystèmes très différents. Enedis a ainsi 55 contrats avec des start-up. C’est un modèle qui fonctionne très bien.

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